Une réflexion :
Cette semaine, je suis resté éveillé trop tard une nuit. La maison est restée sombre et vide pendant une bonne partie de la soirée. Une chose ou une autre nous avait tirés tous les quatre vers le haut et vers l’extérieur. Un jeu. Une réunion. Un truc d’école. Pourtant, nous sommes tous rentrés chez nous dans la foulée l’un de l’autre. En haut de l’allée. Voitures, ordonnées et retournées à leurs places. Abondance restaurée. Aucun d’entre nous n’avait encore mangé. Aucun n’avait encore raconté les histoires de la journée.
Nous partagions une fatigue énervée, chacun conscient d’un besoin de s’installer avant qu’il ne soit possible de dormir. Nous nous sommes éparpillés sur les tabourets de l’îlot de cuisine et la banquette de la fenêtre. L’un d’entre nous sur le comptoir à côté de l’évier soulève des jambes pour entrer dans le tiroir d’argenterie pour une cuillère. Céréale. Glace. Un demi-avocat. Tout ce qu’il y a quand vous avez faim. Quand il est trop tard pour un repas complet. Quand la subsistance est la plaisanterie; des sujets de fin de soirée qui ne se retrouveraient jamais à la table à manger formelle quelques heures auparavant. Rire. Taquinerie. Sécurité. Je suis resté éveillé trop tard une nuit.
Cette semaine, j’ai perdu du temps. J’ai envoyé un texto à un ami. On pourrait dire que j’ai été dévoré par mon appareil. C’est probablement ce à quoi ça ressemblait. Mais je voulais dire ce qu’il fallait. Je ne la connais pas très bien. Les mots comptaient. Ils sont mon introduction continue à notre relation. Je voulais un texte digne d’une pitié et d’un sens profond. Je voulais attendre sa réponse. J’ai continué à vérifier. Et puis c’est arrivé. Et puis j’ai réfléchi à ma réponse. Pas trop. Pas trop mignon. Une citation. Un mot. Elle traverse beaucoup de choses. Ce n’est pas mon affaire. Mais c’est ma nouvelle amie. Et c’est parfois la meilleure chose à faire. J’ai perdu du temps.
Cette semaine, j’ai passé deux appels de vente. Un parce que c’est un gros, énorme travail et un parce que je n’avais pas vu l’architecte depuis avant Covid. Les deux, donc, un gros problème.
Cette semaine, je suis restée au téléphone avec ma sœur plus longtemps que je ne l’avais permis. Le temps était compté. Ma liste de choses à faire était assise à ma droite, attirant mon attention. Jusqu’à ce que je le pousse sous mon ordinateur. Jusqu’à ce que j’opte pour la conversation. Pour entendre comment son travail est si profondément affecté par Buffalo puis Uvalde. Imaginer son rôle dans le soutien aux familles et aux collègues. Je savais pas. Mais je suis resté en ligne. Et maintenant j’en sais un peu plus.
Cette semaine, j’ai promené mon chien, j’ai demandé son avis à mon mari, je me suis assise dans mon endroit préféré de la maison et j’ai fait le Wordle, j’ai commencé l’autobiographie de Viola Davis, j’ai déjeuné avec un ami de l’industrie, j’ai organisé une réunion du personnel.
Cette semaine, j’en ai trop dit, j’ai pleuré de frustration, j’ai crié sur la voiture qui m’a coupé la voiture, j’ai brandi un drapeau lors d’un festival de la fierté, j’ai ouvert les fenêtres de ma chambre, j’ai dormi avec le ventilateur, j’ai regardé un documentaire sur August Wilson, j’ai téléchargé de la musique que j’écoutais au lycée.
Cette semaine, j’ai pensé. Beaucoup. J’ai écrit. Quelques.
Cette semaine, j’ai trouvé une citation d’Annie Dillard de The Writing Life:
« La façon dont nous passons nos journées est bien sûr la façon dont nous passons nos vies. »
Je n’ai jamais beaucoup réfléchi à la façon dont je passe mes journées. Ou que les moments qui définissent mes journées comptent pour toute l’histoire de ma vie. J’ai toujours pensé que c’était les plus grands repères qui racontaient « comment nous passons notre vie » – les diplômes, les titres de poste, les vacances. Le fait de mettre votre esprit à quelque chose. Le fait de devenir quelqu’un. Pourtant, quand je regarde en arrière, je ne peux pas trouver ces choses. Ils se sont fondus dans la banalité et ne semblent pas compter la moitié même si je m’arrête pour essayer de faire le point.
Mais quand je pense à ce que j’ai fait la semaine dernière, ces jours-là, ces moments-là, je commence à avoir ensemble un sens plus significatif de moi-même et je commence à mieux faire confiance aux choix que je fais dans les moments plus petits et plus calmes qui tirent sur mon temps.
Nos clients peuvent nous embaucher pour faire ce que nous faisons pour eux en raison des grandes choses qu’ils ont accomplies dans leurs journées, mais parfois je pense que tout ce qu’ils nous demandent, c’est un endroit sûr et magnifique pour abriter les expériences moins importantes, mais peut-être plus percutantes, qui définissent qui ils sont. Les grands-mères nous ont demandé de construire des coins de lecture décorés pour les petits-enfants. Les couples occupés ont demandé une salle de petit-déjeuner qui s’ouvre sur un patio. Les écrivains ont cherché un loft créatif. Une famille a dédié une chambre à leurs chiens.
Ces choses ne concernent pas tant les grands repères que la façon dont vous passez votre vie. On nous demande de construire des espaces qui pourraient capturer un moment poignant et inattendu. Un espace pour maintenir votre volonté de vous tenir dans la vulnérabilité pour ce que le lendemain va apporter parce que c’est exactement ce que tout le monde fait aussi.
Passons donc nos journées à construire quelque chose de beau pour vous et pour la façon dont vous voulez passer votre vie.
Merci.
Allison